Une nouvelle commune qui récemment à attirer mon attention...
Thio est une commune située le plus au sud sur la côte est de la Grande Terre. L'agglomération centrale comporte deux parties séparées par le fleuve Thio à son embouchure, Thio-Village (rive gauche, 677 habitants) et Thio-Mission (rive droite, 343 habitants). Le point culminant de la commune est le pic Ningua dont la hauteur atteint 1 343 mètres. La commune comporte également 13 tribus.
Au début, une mission catholique est créée sur la rive droite de l'embouchure de la Thio en 1868, par le père mariste Dominique Moris. La construction d'une église est lancée par le père Simonin en 1880, et inaugurée en 1913.
Mais l'histoire contemporaine de Thio est avant tout liée à celle de la mine, ayant été la capitale du nickel à partir de 1875 (premier site d'extraction de ce métal au monde), année de la découverte de la garniérite par Jules Garnier. La Société Le Nickel (SLN) y est créée en 1880 par John Higginson et Jules Garnier notamment. Le port minéralier est installé à côté de la mission, tandis que deux fonderies vont être exploitées sur le territoire de la commune : celle d'Ouroué (1889-1891) puis à Thio-Mission (1912-1930). Le siège social de la SLN est même, de manière éphémère, situé à Thio-Village de 1921 à 1923.
Elle reste encore aujourd'hui un haut lieu de l'exploitation de ce minerai par la SLN. Le journal La France australe la surnomma « Nickeltown », et le Bulletin de Commerce pour sa part l'appella « Thio-lès-Rotschild » (du nom du principal actionnaire de la SLN à l'époque, la famille Rothschild). Considérée comme le centre économique et la plus riche commune de la Nouvelle-Calédonie jusque dans les années 1930, Thio dispose de plusieurs établissements hôteliers et de courses hippiques réputées qui vont durer jusqu'en 1933, et est régulièrement approvisionnée de biens de consommation et d’équipements que l’on ne trouve pas à Nouméa. L'apport de main-d'œuvre étrangère en fait un pôle particulièrement cosmopolite.
La crise des années 1930, la baisse observée de la teneur en nickel du minerai extrait, les cantonnements en Australie ou expulsions des Japonais durant la Seconde Guerre mondiale puis les indépendances successives de l'Indonésie en 1945-1949, du Viêt Nam en 1945-1954 et du Vanuatu en 1980 touchent Thio en la privant d'une partie de sa main-d'œuvre. Ils vont être remplacés à partir des années 1950 par un nouvel apport de population, celui des Wallisiens et Futuniens, et le « Boom du Nickel » va permettre un renouveau momentanée à la fin des années 1960 et au début des années 1970, tandis qu'à la même époque les techniciens et ingénieurs de la SLN adaptent la technique du sondage carotté à la reconnaissance des gisements de nickel. Thio est, de plus en plus, concurrencée par d'autres nouveaux centres miniers d'importance : Kouaoua, Koumac, Poum, Voh, Népoui, Goro.
Mais l'activité économique reste essentiellement marquée par l'exploitation du nickel par la SLN. Deux gisements à ciel ouvert sont aujourd'hui exploités. Tout d'abord, la mine du Plateau, proche de la mer et du village, est le berceau de la SLN, sur la rive gauche de la Thio à environ 600 m d’altitude. Elle produit encore grâce à des innovations techniques permettant de valoriser des gisements de plus en plus difficiles. Ensuite, la mine du Camp des sapins, ouverte en 1972, se trouve à 800 m d’altitude, sur la rive droite de la Thio, à près de 40 km de la mer et du village. La Société Le Nickel estime en 2010 que 40 millions de tonnes de minerais ont été extraites des mines de Thio depuis le début de leurs exploitations, soit environ 900 000 tonnes de nickel.
Thio est durant les années 1980 l'un des principaux foyers d'affrontements entre partisans et opposants à l'indépendance durant la période dite des « Événements ». La commune, du fait de sa forte proportion de non mélanésiens, est considérée comme un fief anti-indépendantiste (ou loyaliste). Thio est donc vu par les partisans de l'accès à la pleine souveraineté comme un bastion à prendre. C'est ainsi que le Comité de lutte local du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) commence le 20 novembre 1984 un véritable « siège de Thio ». De nombreux actes de violences ont lieu, avec une forte pression psychologique sur les populations polynésiennes, les Mélanésiens non-indépendantistes ou les populations Caldoches, tandis que le seul incident officiellement reconnu est la mort du boucher du village qui se noie alors qu'il tente de traverser le fleuve à la nage, le pont étant bloqué par un barrage. Le « siège » est finalement levé le 12 décembre 1984, avec l'évacuation par l'armée vers la côte Ouest d'une grande partie des non-indépendantistes.
La commune a profité de cette histoire pour développer des activités culturelles et touristiques. Ainsi le musée de la mine a été installé à Thio-Village dans les locaux de l'ancienne direction du centre minier dans les années 1890, repérable par la petite locomotive à vapeur qui se trouve à l’entrée et les pylônes de l’ancien téléphérique qui, de 1951 à 1974, transportait le minerai sur près de 4 km, de la mine du plateau au port minéralier. Il bénéficie d'importantes collections, notamment photographiques et de minéraux mais également d'outils plus ou moins anciens et de la vaisselle de l'ancienne marine de la SLN9. De plus, l'office de tourisme organise chaque mois, ainsi que lors de la foire municipale tenue annuellement en juillet depuis le début des années 1990, des visites de la mine du Plateau, commentées par un historien local, suivies d'un repas traditionnel en tribu.
Un lieu riche en histoire que j'ai hâte de découvrir !
Avec le nickel, tout est " nickel"....
RépondreSupprimerLieu peut être historique mais la verdure y est peut être moins présente qu'ailleurs, vu les produits dits " polluants " ....
A+
On verra quand on ira visiter mais cela ne semble pas très habité donc...
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