Le conte du rat et du poulpe est le conte kanak le plus connu. En voici le récit :
Un rat, un goéland et une poule sultane vivaient ensemble, en camarades, et s'étaient associés pour chercher leur nourriture. Or, il advint, une fois, que les vivres manquant, les deux oiseaux et le rongeur tinrent conseil. Allons pêcher, dit le goéland, allons aux récifs, la mer sera bientôt basse et nous prendrons beaucoup de poissons. Tu as raison, dit la poule sultane. Ah ! soupire le rat, cela vous est bien facile, à vous qui avez des ailes, mais moi pauvre et chétif quadrupède, comment ferais-je pour vous suivre ? Construisons un radeau, dit la poule sultane et tu viendras avec nous. C'est cela, s'écrièrent les deux autres.
Ils se mirent à l'œuvre. Le rat rongeait, coupait et creusait des cannes à sucre, les oiseaux en disposaient les morceaux en forme de pirogue ; la coque, le mât, la voile, le gouvernail, tout était en canne à sucre. L'ouvrage fut bientôt terminé, la poule sultane et le goéland mirent l'embarcation à flot, le rat y sauta joyeusement et partit escortés de ses deux ailés.
Arrivés au grand récif qui était à sec en ce moment, le goéland et la poule sultane dirent au rat : Reste-là, nous allons pêcher et nous reviendrons tout à l'heure avec nos provisions. Puis ils partirent à tire d'aile et disparurent de l'horizon.
Le temps se passait et les deux oiseaux ne revenaient point. Pressé par la faim, le rat se mit à dévorer la voile, puis le mat, puis las d'attendre toujours en vain, le gouvernail, et finalement l'embarcation. Il venait à peine de ronger le dernier morceau que les deux oiseaux parurent tenant dans leur bec les poissons qu'ils avaient attrapé : Eh bien ! cria la poule sultane, nous avons fait bonne pêche, mais où est ta pirogue ? Hélas ! répondit le rat, je vous ai attendus longtemps, vous ne reveniez pas, j'avais faim, je l'ai mangée. Comment, s'écria le goéland avec colère, nous travaillons à te construire une embarcation et tu la manges, c'est le prix de notre travail ! Eh bien, puisque tu es ici, restes-y. En achevant ces mots les deux oiseaux partirent, laissant le rat se désoler, crier et pleurer. Déjà, la marée commençait à remonter. Je suis perdu, se disait le rat. Avisant un caillou qui était encore à sec, il y sauta au moment où la mer commençait à gagner sa place. Hélas ! murmurait-il, tout à l'heure, l'eau m'atteindra ici, et il faudra bien que je meure. Comme il était en train de se lamenter, passa un poulpe qui l'aperçut. Que fais-tu là, petit, lui demanda-t-il.
J'attends la mort, lui répondit tristement le rat, le goéland et la poule sultane m'ont abandonné, et il lui raconta son histoire.
Ah ! Ah ! dit le poulpe qui était une bonne créature, te voilà dans une vilaine situation, mais je vais t'en tirer. Saute sur mon dos je ne vais pas très vite, mais je te conduirais quand même à terre. Le rat tout joyeux sauta sur la tête de l'animal complaisant. Celui-ci, en effet, ne nageait pas bien rapidement, pourtant on se rapprochait peu à peu de la terre et enfin, on ne fut qu'à une courte distance.
La rat, échappé à la mort, ne sentait plus d'aise. Il riait et dansait comme un fou, et, sans respect pour son sauveur, il urina sur la tête du poulpe. Que fais-tu donc là, petit ? dit l'animal des mers qui sentait l'autre se trémousser sur son dos. Ce n'est rien, répondit le rat, c'est la vue de la terre qui me réjouit. Puis comme on était plus qu'à quelques brasses du rivage, le rat, rempli d'allégresse, souilla de ses ordures la tête de son bienfaiteur en s'élançant soudain à terre. Et maintenant, regarda-toi, cria-t-il au poulpe en se pâmant de rire.
Le poulpe aperçut alors ce que l'ingrat lui avait laissé pour prix de son service. Furieux, il voulut se précipiter pour poursuivre le rongeur, mais les rochers lui déchirèrent ses longs bras et, tout meurtri de ses efforts, il dut regagner le fond des mers.
Depuis ce jour, le poulpe garde sur sa tête les traces de cette aventure et une haine farouche envers les rats.
elle est pas trop morale ton histoire.... j'attendais que le rat se noie...!!
RépondreSupprimerTant pis ........... Bisous
Ce n'est pas une fable mais un conte et les contes kanaks essayent d'expliquer les choses de la vie.
SupprimerIci, l'histoire raconte le pourquoi des tâches sur la tête des poulpes et la raison de la pêche avec des leurres en forme de rat.
Je ne pense pas avoir lu un conte kanak avec une morale, mais surtout des histoires avec des explications sur leurs traditions.
Voilà la raison de cette fin.
Les rats sont indestructible, c'est pour çà qu'il y en a autant!!!!!
RépondreSupprimerCe conte est répandu dans toute l'Océanie, avec de nombreuses variantes certes.
RépondreSupprimerIl y en a deux par ici: https://www.persee.fr/doc/jso_0300-953x_1978_num_34_58_2970
RépondreSupprimerQui en est l'auteur ?
RépondreSupprimerLe rat représente le Mélanésien, le poulpe le Polynésien, et enfin le goéland et la poule sultane les colonisateurs, la morale de l'histoire peut être interprétée de la façon suivante au vue de l’état dans lequel se trouve la société actuelle :
RépondreSupprimerLes oiseaux (colonisateurs) aident initialement le rat (Mélanésien) en construisant un radeau. Cela peut symboliser les infrastructures et systèmes mis en place par les colonisateurs. Cependant, leur aide n'est pas désintéressée et ils abandonnent le rat lorsqu'il montre des signes de faiblesse (détruisant le radeau par égoïstement et caprice).
Cela illustre comment les relations avec les colonisateurs peuvent sembler bénéfiques mais sont souvent conditionnelles et peuvent être retirées sans préavis, laissant les indigènes dans une situation désespérée.
Le poulpe (Polynésien) qui vient au secours du rat représente la solidarité et l'entraide entre les peuples indigènes. En dépit des fautes et des difficultés, il montre une volonté inébranlable d'aider un autre indigène en détresse.
Cela souligne l'importance des alliances et de la coopération entre les peuples autochtones face aux défis et à l'adversité.
L'attitude ingrate et irrespectueuse du rat envers le poulpe après avoir été sauvé met en lumière les conséquences négatives de l'égoïsme et de l'ingratitude. Cela pourrait symboliser les divisions internes ou le manque de reconnaissance entre les peuples indigènes, qui peuvent affaiblir leur position et leur solidarité face aux défis externes.
En résumé, l'histoire enseigne que la coopération avec les colonisateurs peut être précaire et conditionnelle, et met en avant l'importance de la solidarité et du soutien mutuel entre les peuples indigènes. L'ingratitude et le manque de respect peuvent détruire des relations précieuses et affaiblir la communauté dans son ensemble.