mardi 12 mars 2013

A une autre époque

Pour rebondir une seconde fois sur mon conseil de lecture, je vais vous donner un deuxième cours d'Histoire. Cette fois nous allons revenir à des temps plus reculés, au temps des débuts de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie.

Sous le règne de Napoléon III, plusieurs navires de guerre français partirent pour prendre possession de la Nouvelle-Calédonie. Le premier arrivé fut l'amiral Febvrier Despointes qui prit possession de la Grande Terre à Balade le 24 septembre 1853.
Avec "la prise de possession" les mélanésiens ne furent plus propriétaires de leurs terres. Initialement ils n'entrevirent pas cette mainmise et comptaient profiter des richesses du monde qui les colonisaient. Mais peu à peu les attributions de terre aux colons s'étendirent au delà des limites de la région de Nouméa, ce qui repoussa les kanaks dans les hautes vallées de la chaîne sur des terrains de moindre qualité. Cet accaparement, ce vol des terres, est à l'origine du conflit entre les colons et les habitants originels de l'île, ainsi qu'un comportement méprisant, ou ignorant, de la part des français qui créa un malaise dans la population mélanésienne de la Grande Terre.

En 1878, la révolte gronde...

Ataï, le grand chef kanak de Komalé déclare au gouverneur français Jean Olry à Teremba, en déversant d'abord un sac de terre: «Voilà ce que nous avions», et ensuite déversant un sac de pierres: «Voici ce que tu nous laisses». Au gouverneur qui lui conseille de construire des barrières pour protéger ses cultures des dégâts commis par le bétail des colons, il répond: « Quand mes taros iront manger ton bétail, je construirai des barrières. » Ses efforts pour s'entendre avec les Blancs ayant été vains, Ataï choisit la lutte armée.
Face aux nombreuses victoires kanaks, le pouvoir colonial s'inquiète et réussit à s'assurer le soutien d'autres tribus, en particulier les Baxéa de Canala, contre Ataï et ses partisans. Sans ces auxiliaires, il ne pouvait poursuivre un ennemi qui se fondait dans la nature. L'insurrection met à feu et à sang le centre-ouest de la Grande Terre.
Le 1er septembre à Fonimoulou, les troupes française assistées par la tribu de Canala et par les arabes attaquent par surprise. Elles forment trois colonnes qui cernent le périmètre des insurgés. Ataï est surpris dans son campement par un détachement commandé par le breton Le Golleur accompagné des guerriers de Canala. Le Canala Segou, après un instant d'hésitation, ose lancer sa sagaï sur Ataï et le tue.

Témoignage de la férocité de la répression, sa tête,qui avait été mise à prix 200 F, fut coupée et conservée dans du formol, puis montrée à Nouméa et envoyée en trophée à Paris.
Ataï devint ainsi l'âme de la grande révolte sanglante, qui a profondément marqué les colons de plusieurs générations et le monde mélanésien jusqu'à nos jours.
C'est inspiré par ces faits que le romancier Didier Daeninckx nous livre le roman Le retour d'Ataï.

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