lundi 11 mars 2013

Remontons le temps...

Suite au sujet d'hier voici quelques faits réels.

L’Exposition coloniale inaugurée le 6 mai 1931 tenta de promouvoir une image de la France impériale à l’apogée de sa puissance. Prenant la forme d’un immense spectacle populaire, véritable ville dans la ville, l’exposition s’étendait sur plus de 1200 mètres de long et était sillonnée de plus de 10 kilomètres de chemins balisés.
Cette exposition s’inscrivait dans la tradition des Expositions universelles du XIXè siècle vouées à promouvoir la puissance des nations européennes. Consacrée exclusivement aux colonies, elle fut présentée du mois de mai au mois de novembre 1931, elle accueillit près de 8 millions de visiteurs pour 33 millions de billets vendus.

L’exposition s’étendait depuis la station de métro Porte Dorée (anciennement Picpus) sur tout le bois de Vincennes. Le palais des Colonies, seul bâtiment construit pour survivre à l’événement, constituait le lieu de synthèse de l’exposition, présentant l’histoire de l’empire français, ses territoires, les apports des colonies à la France, ainsi que ceux de la France aux colonies.
L’exposition souhaitait donner aux Français la sensation de se promener à l’intérieur d’une France qui ne se limiterait pas aux frontières de la métropole. Invité à faire “le tour du monde en un jour”, le visiteur pouvait découvrir chacune des possessions françaises au travers de pavillons s’inspirant d’architectures indigènes. L’Indochine était, par exemple, représentée par un pavillon à l’image et aux dimensions spectaculaires du temple cambodgien d’Angkor Vat. Le pavillon de l’Afrique occidentale française s’inspirait de l’architecture de la mosquée de Djenné au Mali.
Pour rendre l’événement plus vivant et attractif, des animations étaient proposées aux visiteurs. Les spectacles de danse constituaient l’une des attractions les plus prisées. Dans chaque section, des habitants des colonies donnaient vie aux villages reconstitués. Des artisans travaillaient sous les yeux du public, d'autres tenaient des stands de souvenirs.
Bien que le parti pris de l’exposition de 1931 n’était plus de se moquer des coloniaux, comme ce put être le cas lors d’expositions coloniales antérieures, il s’agissait, malgré tout, d’exhiber des hommes et des femmes pour mieux affirmer le pouvoir de la France sur ces derniers.

Exotique, démesurée et fascinante, l’exposition se dématérialisait de nuit sous l’effet des jeux de lumière et des fontaines lumineuses, pour prolonger le rêve de voyage et l’appel d’un ailleurs idéalisé. Au travers de cette vision idéalisée du monde colonial, transparaît l’idéologie impériale de l’époque promouvant la supériorité de l’Occident. La colonisation était dite pacificatrice, bénéfique aux développements technique, économique, intellectuel et humain des colonies. Les pans moins glorieux étaient par contre passés sous silence. C’est ce que la contre-exposition intitulée “La vérité sur les colonies”, à laquelle participèrent les surréalistes, un groupe d’artistes et d’intellectuels parmi lesquels on compte Louis Aragon, Paul Eluard ou André Breton, tenta de dénoncer.

Au moment de l'exposition, une centaine de Kanak de Nouvelle-Calédonie ont été envoyé à Paris pour présenter la culture de leur pays, qui était fort méconnue, à l'époque. Mais les Chefs Kanaks, hommes et femmes de la Grande Terre et des Iles qui composaient cette expédition culturelle, furent trompés sur le but du voyage par un homme d'affaire peu scrupuleux, et les Kanak furent montrés et humiliés comme des "animaux sauvages" au Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne, en métropole.


Ces faits, bien que choquants à l'heure d'aujourd'hui, sont historiques et furent le point d'inspiration du livre Cannibale, qui a le mérite de nous rappeler certaines histoires oubliées. (Article de Libération sur Cannibale).
Comme quoi, il n'est pas toujours bon d'oublier, car on oublie parfois l'essentiel !

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